Copie à Madame Luis Ayala, Secrétaire Générale.
Cher Monsieur. Papandreou (président de l’I.S.),
Comme vous le savez, l’Union Patriotique du Kurdistan (UPK) est membre de l’Internationale Socialiste, à titre d’observateur. Vous devez être au courant que ce parti et les autorités qu’il commande utilisent des méthodes trés oppressives et violentes pour réduire au silence les protestations populaires dans de nombreuses villes du Kurdistan irakien, comme à Kefri, Kalar, Darbanidkhan, Chemchemal et Suleimanieh. Ils répétent les mêmes méthodes dont nous avons déjà fait l’expérience sous le régime baathiste. Cela est particulièrement évident au vu des réponses données aux plus récentes manifestations au Kurdistan irakien.
Le 5, 6 et 7 Août, la population des villes de Chemchamal, Kefri et Darbandikhan s’est mise en mouvement pour défendre ses droits les plus basiques : l’accès à l’eau, à l’électricité et à l’essence. Elle a protesté d’une manière pacifique, en terminant ses manifestations en présentant ses revendications aux autorités aux mains de l’UPK. La seule réponse de leurs forces de sécurité fut d’ouvrir le feu sur les manifestants. Des dizaines de personnes ont été gravement blessés, et des centaines d’autres, qui ont été arrêtés, sont encore en prison aujourd’hui. Les forces de sécurité de l’UPK ont également perquisitionné les résidences de nombreux manifestants. Ce n’est pas la première fois que l’UPK commet de tels crimes ; elle l’a déjà fait par le passé lorsqu’elle a attaqué et tué des manifestants à Halabja, Ranya, Qaladza et Koya.
Avant les protestations d’août, ces mêmes forces de sécurité de l’UPK ont tiré sur une manifestation des travailleurs de l’usine de ciment de Tasloja, et ont blessé 13 ouvriers. Ce comportement est injustifiable.
La population du Kurdistan d’Irak fait face quotidiennement à la corruption, à la répression et à la violence de l’UPK. Les autorités de l’UPK ne répondent pas aux revendications populaires sur les conditions de vie. Alors que beaucoup de personnes n’ont pas accès à l’eau et à l’électricité, c’est une véritable provocation que de voir les chefs de ce parti et leurs associés profiter du meilleur des trains de vie.
Lorsque la population est dépourvue du nécessaire, elle n’a pas d’autres choix que de le revendiquer aux autorités en place - ici, à l’UPK. Et elle doit avoir le droit de le faire sans se heurter à la répression, à la violence et à la torture.
Je vous prie, compte tenu des actes commis, de reconsidérer la présence de l’UPK dans l’Internationale Socialiste. Bien plus, je vous invite à vous placer plutôt du côté de la population kurde et de mettre votre membre-observateur l’UPK sous pression pour qu’elle cesse cette répression et satisfasse les demandes suivantes :
- La libération de tous les manifestants emprisonnés et la fin de la violence et des attaques armées contre les personnes qui défendent leurs droits.
- La reconnaissance du droit de manifester et de s’exprimer au Kurdistan.
- La fourniture en eau, électricité et essence pour tous.
Je suis certain que votre intervention et votre soutien aux revendications exprimées ici peuvent être bénéfiques à la population du Kurdistan irakien.
Mais si l’UPK continue sa politique actuelle, cela ne pourra que nuire à la réputation de votre Internationale, et, plus signicativement, apporter toujours plus de misère au peuple du Kurdistan.
J’attends avec intérêt votre coopération dans ce sens.
Sincèrement vôtre, Xasraw Saya
Membre du Bureau Politique du Parti Communiste-ouvrier d’Irak (Représentant à l’étranger)
10/08/2006